À Propos du Mundialito

Histoire du Mundialito - Championnat de Football des Gonaïves

L'histoire du Mundialito

Match de football mondialito parc vincent des gonaives

Creation

Le championnat de football des vacances d'été aux Gonaïves, connu sous le nom de Mundialito, est né en 1966 grâce à Mme Antoinette Jean Louis dite Tisò. Il visait à promouvoir les activités sportives dans le quartier populaire de Raboteau, en particulier dans la zone de bidonville près de la Cité de l'Indépendance. Ce tournoi portait le nom de Coupe Jacky Ti Sò, en hommage à son fils, Jacky Jean Noël, et symbolisait pour elle une façon de transformer la douleur en action sociale.

Ce championnat s'adressait aux jeunes de moins de 13 ans (U-13) et devint rapidement un pilier de la vie communautaire, réunissant passion, rivalité et solidarité. Le terrain de Rénovation, qui devait être détruit dans un projet d'urbanisation initié par François Duvalier, devint finalement un lieu mythique du football local grâce à la Coupe Jacky Ti Sò, freinant les démolitions prévues à Raboteau.

Parmi les éditions les plus marquantes figure celle où l'équipe Toison d'Or de Pierre Saint Armand, composée de jeunes très soudés, affronta Tchaker, grand favori du tournoi, dirigée par des légendes locales comme Trujillo, Zizi, Gracia Jean Charles et Manno Beaugé. Contre toute attente, malgré les pronostics en leur défaveur, Toison d'Or triompha dans une ambiance féroce, appuyée par une mystérieuse prédiction de Marco, un personnage fantasque qui avait annoncé la victoire des "Trois Zombis".

Ce championnat fut donc bien plus qu'un simple tournoi : c'était un rituel social, une échappatoire pour la jeunesse, un espace d'espoir, de mémoire et d'identité pour le quartier de Raboteau. Il a mêlé football, culture populaire, spiritualité et résistance urbaine, et reste un héritage vivant pour toute une génération. Ce championnat restera dans les mémoires comme une leçon : l'unité, la foi et l'esprit d'équipe peuvent triompher face à la force brute et aux statistiques.

L'appelation du mundialito

Le championnat d'été des Gonaïves a connu une montée spectaculaire grâce à la couverture médiatique de journalistes influents comme Belfond Pierre de Radio Lumière et Claude Valbrun de Radio Soleil. Profitant de l'engouement populaire, ils ont su présenter cette compétition locale sous un jour favorable, attirant ainsi l'attention nationale. Leurs reportages, diffusés un mois avant le lancement officiel, ont contribué à créer une véritable ambiance autour du tournoi, en donnant la parole aux dirigeants d'équipes et aux membres du comité organisateur.

Quelques mois avant le Mondial, le Brésil avait déjà montré l'étendue de son talent dans un tournoi préliminaire appelé le Mundialito, organisé en Espagne à la fin de 1981. Ce nom avait fortement résonné jusque dans les rues de Gonaïves, tant l'engouement pour cette équipe était grand.

Quand la Coupe du monde 1982 débuta, du 13 juin au 11 juillet, toute la ville vibrait au rythme des matchs. Des correspondants comme Dieusel Dieufort Placide, dépêchés par les radios de la capitale, permettaient au public haïtien de vivre chaque instant de cette aventure planétaire avec émotion et ferveur.

L'impact fut tel que des rumeurs circulaient : le gouvernement de Jean Claude Duvalier aurait envisagé d'envoyer des émissaires aux Gonaïves pour rencontrer les responsables du championnat. Face à cette notoriété soudaine, Jacky Jean Noël, l'homme derrière le tournoi, s'est entouré de figures locales influentes : Dr Frantz Jean Charles, Gracia Jacques, Gérard Jospitre, Ernst Démésier, Michel Fortuné, Gessy Lionel Joseph, Claude Valbrun, Franck Arthus, Dr Amisial, Elie Cantave dit Pil, Clairmond Numa, Maurice Pepit, entre autres. Leur soutien fut décisif pour faire du Mundialito un événement majeur.

Inspiré du livre Le football aux Gonaïves à travers le temps de Joanes Clairzius.